Halte à la barbarie ! Sur l'île de la Réunion, pour la pêche aux requins, les chiens servent d'appâts, avec un hameçon planté dans les babines.
Le 24 avril dernier, nous étions des millions à avoir été horrifiés par un reportage réalisé pour Trente millions d'amis et rediffusé dans Vivement Dimanche. Ce reportage révélait le scandale de l'utilisation de chiots et de chatons comme appâts pour pêcher le requin sur l'île de la Réunion. En exclusivité pour France Dimanche, Brigitte Bardot fait le point sur son combat contre ces pratiques barbares.
France Dimanche
: Aujourd'hui, pouvons-nous dire que les choses ont avancé ?
Brigitte Bardot : Pas d'un pouce ! Du coup, le 25 août dernier,
j'ai adressé un courrier à M. François Baroin, notre
ministre de l'Outre-Mer, ainsi qu'à M. Alain Cayrel, préfet
de l'île de la Réunion. Il me paraît indispensable de mener
une action coup-de-poing à l'encontre de ces lâches qui mutilent
des bêtes innocentes en les utilisant comme appâts vivants.
F.D. : Cela semble
effectivement aberrant que rien n'ait été encore fait pour stopper
ce massacre.
B.B. : Et pourtant,
c'est vrai ! Et cette situation est d'autant plus insupportable que notre
association n'a pas attendu la diffusion de ce reportage pour dénoncer
cette atrocité sans nom. Nous nous battons depuis dix ans déjà
! Notre premier entretien à ce sujet avec un ministre remonte, en effet,
au 13 septembre 1995. A l'époque, M. Jean-Jacques de Peretti avait
qualifié cette pratique "d'acte de barbarie". Neuf ans plus
tard, le 30 mars 2004, j'ai été à nouveau reçue
par le ministre de l'Outre-Mer, Madame Brigitte Girardin. Son cabinet s'est
montré particulièrement sensible face à l'horreur de
cette pêche. Suffisamment en tout cas pour que des consignes soient
données au préfet de la Réunion, afin que les autorités
tentent de veiller à ce que les embarcations ne partent pas avec des
chiots ou chatons préparés pour la pêche.
F.D. : Ces consignes
ont-elles été réellement suivies ?
B.B. : Hélas
non ! Pour preuve, le 29 juillet dernier, un enfant a découvert dans
une ravine un chiot avec, planté entre le museau et les babines, un
hameçon relié par un fil de pêche à un autre hameçon
rivé au coussinet. Puis, le 18 août, une chienne venant de mettre
bas s'est échappée des mains de son tortionnaire et on l'a recueillie.
Elle portait un hameçon dans le crâne et un autre dans l'articulation
de la patte. Notre association s'est alors constituée partie civile
dans cette affaire.
F.D. : Où
trouvez-vous l'énergie de vous battre ?
B.B. : Bonne question
! Car il faut s'armer de patience. Quand on aborde ces sujets douloureux avec
les hommes politiques, ils sont sincèrement bouleversés, et
demandent un dossier complet. Mais la procédure est longue, et le dossier
ne résiste pas au temps. A chaque changement de ministre, il faut repartir
de zéro ! De plus, les lois mettent beaucoup de temps à entrer
en application. Par exemple, les expériences sur les animaux sont désormais
interdites dans l'industrie des cosmétiques. Bravo ! Mais il faudra
tout de même attendre 2012 pour que cette loi entre en application !
Il ne faut jamais baisser les bras pour autant. Ne serait-ce parce que, suite
à nos interventions, les citoyens réagissent de plus en plus
souvent.
F.D. : Et dans
les pays étrangers, vos interventions ont-elles plus d'impact ?
B.B. : Oui ! C'est
triste à dire, mais je suis plus écoutée à l'étranger
que dans mon propre pays ! Ainsi, j'avais appris qu'en Croatie on énucléait
des chiots Beagle, pour les besoins d'expériences. Ma lettre de protestation
au président de la République a été immédiatement
suivie d'effets. Et je pourrais citer bien d'autres victoires comme celle-ci...
F.D. : L'année
prochaine, vous allez fêter le 20ème anniversaire de votre fondation.
Pourriez-vous nous dire quels sont vos prochains objectifs ?
B.B. : Je vais vous
donner un scoop ! Le 4 octobre prochain, je vais me rendre à une conférence
de presse sur mes deux béquilles, puisque je ne peux plus marcher sans.
Ce jour-là, je vais supplier les Français de ne plus acheter
des animaux de race, mais d'aller les recueillir dans les refuges. Une fois
de plus, je vais également réclamer l'abolition de la chasse
à courre. Mais je vais pouvoir aussi me réjouir d'une victoire
: l'obtention du droit à l'électro-narcose, cette méthode
qui permet d'étourdir l'animal avant qu'on ne l'égorge... Vous
voyez, mon combat, c'est le combat d'une vie. Et j'en suis très fière
!
article "Halte à
la barbarie",
paru dans "France Dimanche" de septembre 2005,
avec l'interview de Brigitte Bardot par Gérard Gilbert.
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